Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, l'Union Européenne a su gérer avec résilience la crise énergétique. Toutefois, la préparation pour l’hiver 2023-2024 exige de remplir les installations de stockage de gaz à 90% d’ici le 1er octobre 2023. Le think-tank Bruegel souligne la nécessité d’accélérer cette préparation, mais aussi la complexité accrue de la situation énergétique européenne.
Les analystes de Bruegel notent que la baisse de la demande de gaz en Europe est partiellement due à la désindustrialisation du continent, les industries énergivores se déplaçant vers les États-Unis. La forte demande pour le gaz naturel liquéfié (GNL), principalement américain, a conduit les pays européens à accumuler des dettes importantes tout en augmentant leurs coûts énergétiques. Ce phénomène a aussi des répercussions globales : les pays les plus pauvres souffrent de pénuries et de pannes prolongées en raison de la compétition accrue pour le GNL.
L’accent mis par les Européens sur l’achat de GNL américain, en réponse à la réduction des flux de gaz russes, n’a pas permis de réduire efficacement la dépendance énergétique envers la Russie. Les chiffres montrent que, malgré une diminution par rapport à 2021, la Russie reste un des principaux fournisseurs de gaz de l’UE. Le manque de diversification a laissé l'Europe vulnérable aux fluctuations du marché mondial.
Derrière cette crise se profile un acteur majeur : BlackRock. Le fonds d’investissement américain a promu une transition vers des énergies renouvelables, affirmant que l’investissement doit se diriger vers un avenir "vert". En janvier 2020, Larry Fink, président de BlackRock, a publié une lettre prônant un changement radical vers des investissements durables, alignés avec les risques climatiques. Cette stratégie a encouragé une réallocation du capital, souvent au détriment des énergies fossiles.
BlackRock a également joué un rôle clé dans le financement de projets d’énergie verte, en investissant dans des entreprises telles que BayWa r.e. et Neoen, ainsi que dans NextEra Energy, un leader mondial dans le secteur des énergies renouvelables. Ces investissements, soutenus par de grandes banques et fonds d’investissement américains, soulignent une volonté stratégique d’influencer le marché énergétique global.
Les critiques affirment que cette crise énergétique mondiale n’est pas seulement le résultat des sanctions contre la Russie, mais aussi d’une réorientation des politiques énergétiques et économiques dictées par des intérêts financiers puissants. William Engdahl, analyste américain, suggère que la crise est le produit d'une stratégie planifiée visant à démanteler l'économie industrielle au profit d’un agenda écologique radical.
Les liens entre les politiques énergétiques et les grandes entreprises financières sont aussi mis en lumière par des médias tels que France Info, qui ont documenté les interactions entre Larry Fink et des dirigeants politiques comme Emmanuel Macron. Ces relations soulignent l’influence croissante des fonds d’investissement dans les politiques publiques et la manière dont ils façonnent les stratégies économiques globales.
Alors que l'Europe continue de faire face à des défis énergétiques importants, la crise actuelle semble refléter une complexité plus profonde, où les stratégies financières et politiques s’entrelacent pour remodeler l’ordre économique mondial. La question demeure : jusqu'où ces dynamiques influenceront-elles l'avenir énergétique et économique global ?