Dans cet article, l'historien allemand Hermann Ploppa analyse les émeutes récentes en Géorgie et présente leur contexte historique et politique. Il rappelle les événements de 2008, où l'ex-président géorgien Saakashvili, soutenu par l'OTAN, tenta de reprendre les régions de la Sud-Ossétie et de l'Abkhazie, mais fut repoussé par la Russie. Ce revers affaiblit Saakashvili, et permit plus tard à Bidsina Ivanishvili, un oligarque géorgien ayant fait fortune en Russie, de s'imposer sur la scène politique géorgienne. Ivanishvili, souvent perçu comme un homme d’affaires éthique, investit une partie de sa fortune dans le bien public et créa le parti Rêve géorgien, qui mena à la défaite électorale de Saakashvili en 2012.
Le gouvernement Rêve géorgien, brièvement dirigé par Ivanishvili, mit en place des réformes sociales modérées et chercha un équilibre en politique étrangère. Il tenta de garder de bonnes relations avec la Russie tout en affichant une volonté d'intégration dans l’Union européenne et l’OTAN. Cependant, cette position est mal vue par les partisans d’une ligne dure contre la Russie, en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine. Selon Ploppa, les puissances occidentales et leurs alliés souhaitent voir la Géorgie renforcer une « tenaille » autour de la Russie en s’alignant militairement contre elle.
Ivanishvili est devenu une cible directe des critiques européennes. En 2022, le Parlement européen a voté une résolution dénonçant sa supposée influence pro-russe et demandant des sanctions contre lui. Parallèlement, Ivanishvili est impliqué dans un différend financier avec la banque Credit Suisse, qui a retenu certains de ses fonds. Des rumeurs non confirmées suggèrent que l’ambassadeur américain en Géorgie lui aurait proposé de débloquer ses fonds à condition que la Géorgie soutienne l'Ukraine militairement, ce qu'Ivanishvili aurait refusé.
Le parti Rêve géorgien a également perdu en popularité en négligeant de maintenir des liens étroits avec sa base. De plus, sa décision de nommer Salomé Zourabachvili comme présidente en 2018 est vue comme une erreur, car elle a récemment exprimé publiquement son soutien aux manifestants géorgiens, contribuant ainsi à une fracture interne au sein du gouvernement.
En somme, Ploppa dépeint une situation complexe où la politique géorgienne est tiraillée entre l'influence de la Russie et les pressions occidentales pour un alignement total contre cette dernière, ce qui intensifie les tensions internes et externes en Géorgie.